APRÈS 130 ANS DE MYSTÈRE, UNE COLONIE DE REPRODUCTION DE PÉTRELS NOIRS DE BOURBON A ENFIN ÉTÉ DÉCOUVERTE !

APRÈS 130 ANS DE MYSTÈRE, UNE COLONIE DE REPRODUCTION DE PÉTRELS NOIRS DE BOURBON A ENFIN ÉTÉ DÉCOUVERTE !

Le 15 novembre 2016, à 11h36, après plus de 15 années de recherches menées par plusieurs ornithologues du monde entier, l’équipe réunionnaise du projet LIFE+ Pétrels a découvert les premiers terriers de reproduction des Pétrels noirs de Bourbon (Pseudobulweria aterrima), l’une des 15 espèces les plus rares et menacées au monde. Ce pétrel endémique de La Réunion étant classé sur la liste rouge de l’UICN en danger critique d’extinction, il s’agit d’une découverte majeure pour l’île, mais également pour le patrimoine naturel mondial.
Cette découverte va enfin permettre d’acquérir de nouvelles connaissances sur le Pétrel noir et d’initier des mesures de protection adaptées pour enrayer son extinction et éviter qu’il ne rejoigne la triste liste des espèces disparues de l’océan Indien à l’image du Dodo.

Avant cette découverte, seuls ses cris étonnants entendus dans les remparts vertigineux de l’île et quelques rares jeunes oiseaux trouvés échoués sous les lampadaires des villes renseignaient les scientifiques sur la présence du Pétrel noir de Bourbon sur l’île. Toutefois, sans colonie clairement identifiée, il était jusqu’alors impossible de mettre en place des actions de conservation ciblées.

Avec le projet LIFE+ Pétrels et le travail colossal de terrain accompli (plus de 15 000 heures d’enregistrements acoustiques, des milliers d’heures passées sur le terrain dans les zones les plus reculées de l’île de La Réunion), des Pétrels noirs de Bourbon ont enfin été clairement identifiés dans les remparts situés sur la commune de Saint-Joseph.

Comme l’espèce est strictement nocturne, des jumelles thermiques (®SAFRAN), outil innovant obtenu grâce au soutien du Parc national du Mercantour, ont été utilisées pour la première fois au monde sur des oiseaux marins et ont permis de localiser les premiers posés sur un site de reproduction. Une prospection terrain encordée dans une zone reculée, effectuée dans la journée du 15 novembre dernier, a permis de documenter pour la première fois au monde une colonie de reproduction dont la dernière trace concrète datait de quelques spécimens prélevés en 1890.

La découverte de ces terriers actifs donne à l’île de La Réunion un réel espoir de pouvoir enfin sauver cette espèce emblématique au bord de l’extinction, dont les cris nocturnes alimentent les comptes et légendes créoles de l’île depuis de nombreuses années et font partie intégrante de son patrimoine culturel.

 

Contexte de cette découverte

Le Pétrel noir de Bourbon fait l’objet de recherches occasionnelles d’ornithologues et de naturalistes depuis les années 1980. Depuis 15 ans, les recherches scientifiques ont été relancées de manière approfondie car l’espèce est en danger critique d’extinction. L’effectif de la population est estimé à une cinquantaine de couples. Nichant dans des terriers situés sur des falaises escarpées, il est la proie des prédateurs introduits : chats et rats, et victime d’échouages provoqués par les éclairages publics des zones urbanisées.

La première description et représentation du Pétrel noir de Bourbon a été réalisée en 1771 par le célèbre dessinateur Paul Jossigny, au cours des expéditions menées par le naturaliste Philibert de Commerson. C’est en 1857 que Bonaparte décrira formellement cette espèce et la nommera Procellaria aterrima. Quelques rares spécimens furent inventoriés en 1890, mais aucune preuve d’existence n’étant dès lors plus signalée, le Pétrel noir fut considéré comme éteint jusqu’en 1970. Deux oiseaux furent alors découverts à La Réunion dans les années 70 puis plus aucun oiseau ne sera signalé pendant 21 ans jusqu’à la découverte d’un individu en janvier 1995 près de Saint-Pierre.

En 1996, une étude met en évidence l’impact des éclairages publics sur les échouages des jeunes oiseaux. En 1997, l’auteur de cette étude fonde la SEOR et des Pétrels noirs de Bourbon seront ensuite signalés régulièrement grâce aux campagnes de prévention et de sauvetage auprès de la population réunionnaise. La recherche du Pétrel noir est relancée.
En 2001, les premiers cris de Pétrels noirs de Bourbon seront entendus et enregistrés à Grand Bassin. De nombreuses recherches seront dès lors initiées bénévolement par des naturalistes passionnés avec l’appui de la Brigade Nature Océan Indien (BNOI). Elles donneront lieu à la signature d’une convention de partenariat entre le Parc national et la SEOR pour qu’un programme d’amélioration des connaissances sur cette espèce débute fin 2008.
En 2012, un Plan National d’Action en faveur du Pétrel noir de Bourbon est rédigé afin de compiler la synthèse de toutes les connaissances sur l’espèce et de détailler sa toute première stratégie de conservation.
En 2014, au vu de l’urgence à sauver cette espèce, les experts locaux se regroupent et décrochent des financements européens LIFE+ pour développer une stratégie de conservation innovante destinée à sauver de l’extinction les deux espèces de pétrels endémiques de la Réunion. Une équipe multipartenariale composée d’agents issus du Parc national de La Réunion, de la SEOR, de l’Université de la Réunion, de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) et de la BNOI , coordonnée par le Parc national de La Réunion, se constitue alors pour porter le projet LIFE+Pétrels. Co-financé par la DEAL et le Conseil Départemental de la Réunion, ce projet ambitieux a vocation à impulser une dynamique d’action sur le territoire réunionnais et entre les acteurs de la conservation, jusqu’en 2020.

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